Une cliente raconte son expérience

Une cliente raconte son expérience

Je suis assise sur un divan très confortable, sans chaussures, mon livre à la main, un café sur la table basse. Je lis donc, de temps en temps je sors sur la terrasse, fumer une cigarette.

C’est la première fois que je viens dans cet appartement.

Je ne suis pas seule. Derrière moi, il y a une personne qui travaille.

Je ne connaissais pas cette personne il y a six semaines.

Nous ne parlons pas.

Cette personne c’est Steve. Il travaille sur ses photos. Ses photos de moi.

Ses photos de moi qu’il vient de prendre, pendant près de trois heures.

Ces photos de moi sont mon cadeau à moi-même.

Steve est le photographe que j’ai choisi pour ce cadeau. Bon choix.

Retour en arrière.

Il y a à peu près deux mois l’idée a surgi en moi: tiens, j’ai 43 ans et pour la première fois de ma vie j’aime mon corps tel qu’il est, exactement comme il est, avec ses marques, les cicatrices des opérations et des maladies, de la tumeur au sein, les passages des grossesses et des allaitements, les vergetures, la cellulite et même avec certains poils.

Quand je dis corps, j’y inclus mon visage, avec ses rides et les autres traces de la vie.

Un vieux fantasme a commencé à me revenir en tête, de temps en temps, puis tous les jours, puis plusieurs fois par jour: m’offrir une séance photo.

Pour mes 20 ans, j’avais demandé une séance photo comme cadeau à ma belle-maman.

C’était différent à l’époque: je ne me sentais pas belle, je constatais à quel point je ressemblais peu à un mannequin, ou à une fille qu’on croise et qu’on aimerait prendre en photo.

Ma demande était une tentative de m’aimer, de me surprendre en me trouvant jolie, si pas belle. 

Ma belle-maman a compris, a dit oui, s’est arrangée pour que deux femmes photographes viennent à la maison un de ces rares jours où il n’y avait que moi (nous vivions à huit sous le même toit, à l’époque) et j’ai reçu mon cadeau avec beaucoup de gratitude.

J’ai encore ces photos, je les aime, je les regarde parfois, avec nostalgie et souvent la fameuse phrase: ah, mais de quoi te plaignais-tu! Là, tu étais belle, maintenant c’est la cata!

Puis j’ai changé de regard. 

Sur cette fille là, qui était certes belle, mais pas assurée, qui ne s’assumait pas, qui n’aimait pas sa façon d’incarner la féminité et la cherchait désespérément dans le regard des autres, d’un autre, d’un homme.

Sur moi aujourd’hui, ensuite. Je suis comme je voudrais être et, la plupart du temps je m’aime. J’ose. J’assume ce que j’induis chez les autres, que je le veuille ou pas, et j’accepte aussi que chez certain(e)s, je ne suscite rien du tout. 

Je me surprends, devant un miroir, à me sourire, me complaire, me rappeler que -ben, tiens!- je ne suis pas mal du tout.

Alors, c’est revenu. 

Je voulais des photos. De moi, de ma tête et de mon corps, sans trop de vêtements.

Un jour je l’ai formulé à haute voix, à quelqu’un.

Le lendemain j’ai cherché sur internet. Homme, femme? Noir et blanc, couleurs? Un peu dévêtue, complètement nue?

Deux jours après, j’ai demandé là où il fallait, suivant une illumination instantanée.

Comme souvent dans la vie, quand on a vraiment décidé quelque chose, tout se passe. Une des deux personnes présentes a répondu tout de suite: « Mais oui, le mari d’une amie fait ça. il est très bien, nickel, correct, professionnel et tout. Tu peux lui dire que tu viens de ma part. »

Je l’ai suivi sur son compte quelques jours. J’ai aimé ses photos. Je lui ai envoyé un mail.

Première étape: une conversation téléphonique sur rendez-vous. Pour comprendre mon projet, m’expliquer le déroulement d’une journée de shooting, certains tarifs. Et pourquoi lui, il fait ça.

C’est touchant, son histoire.

Le contact a été direct, chaleureux, simple, sécurisant. 

Je l’ai senti, que c’était « le bon ». 

« Tu peux passer visiter l’appartement qui sert de lieu de shooting, si tu veux te rassurer un peu plus. »

Je n’ai pas besoin d’être rassurée. J’ai décidé.

« Tu veux fixer une date, alors? »

Oui, je veux. 43 jours après, très exactement. Comme mes 43 ans.

J’y ai pensé, puis pas, puis à nouveau, puis plus, puis souvent, tous les jours. J’en ai parlé à quelques un(e)s. Toujours de l’enthousiasme, parfois de la surprise.

Steve m’a envoyé par mail un guide pour les idées de « tenues » (qui sont très tenues, en effet)

Je me suis inscrite à son groupe privé réservé aux femmes, j’y ai invité deux, trois amies.

Les mesures commençaient à se durcir. Le 5 novembre est devenu un jour lointain. 

Encore, tous les projets reportés, attendre, de pouvoir, à nouveau, faire ci ou ça.

Vendredi soir, le 30 octobre, Steve m’a appelée pour avancer notre shooting. Au lendemain. Alors que je n’y croyais plus, que je m’étais résignée à ne plus y penser, pour l’instant, pour survivre au jour le jour.

Cadeau inespéré.

« Ok, je viens demain, super! »

Derniers conseils pour la peau, les cheveux, l’épilation, etc. Mails pour le trajet. 

Jusqu’à avant que je me décide à essayer d’aller dormir, il m’a rassurée et cette fois, oui, j’en avais besoin. Mes affaires prêtes dans une petite valise, je me suis enfin endormie, tard.

J’arrive au rendez-vous dans l’appartement/studio à 12h tapantes, le cœur battant la chamade.

Une maquilleuse professionnelle, Julie, est présente. Elle est solaire, souriante, nous parlons de tout et de rien, pendant que Steve travaille à son bureau.

Au début je suis cool, puis un drôle de sentiment s’installe: c’est trop long, ça doit être ennuyeux de s’occuper de moi si longtemps et pour Steve, d’attendre. Mais non, en fait, ils sont détendus, c’est ma journée, ils sont là pour moi, tout va bien. 

Je respire. Je commence à en profiter. Franchement, quand, dans ma vie, on m’a maquillée et coiffée pendant plus d’une heure? C’est terriblement bon. 

« Et si je pleure quand je découvre ma tête? »

« Tout est prévu: c’est du super waterproof » me dit Julie, bienveillante.

Je me découvre. Ce n’est pas moi, je pense d’abord. Puis si, en fait. Mince alors, c’est vraiment moi. Je suis émue. Julie et moi on se sourit. Elle remballe ses affaires, vient me dire au revoir à travers la vitre de la terrasse où je fume une cigarette pour calmer les battements de mon cœur. J’y porte la main, à ce cœur, en mimant le mot « Merci » avec les lèvres. Elle a l’air sincèrement contente pour moi. 

Elle m’a même donné des conseils maquillage pour après, pour tous les jours.

Avec Steve, nous choisissons 3,4 combinaisons d’habits, de lingerie.

Nous retournons au salon. Il me donne toutes les consignes, d’un coup, consignes qu’il va devoir me rappeler pour chaque photo « et c’est normal, tu ne peux pas tout retenir quand c’est pas ton métier ».

Steve, il ne touche pas pour montrer ce qu’il faut faire. Il mime. Il montre avec son corps à lui. Il se met en jeu jusqu’au bout. 

Retour à la chambre/salle de bain où il me laisse me changer, il va m’attendre au salon.

J’enfile l’ensemble. Ok, comment on fait pour entrer dans une pièce à moitié nue, devant un homme qu’on connaît à peine, comme si c’était normal?

Et en fait, ça va. Steve est toujours naturel, alors le naturel s’installe.

Après les premières poses, il montre ce que ça donne sur son appareil. 

Wow. C’est moi ça? Tu es certain?

Et ainsi de suite, pendant deux, trois heures. Au fur et à mesure, un lien se créé et alors on se sent de mieux en mieux, de plus en plus à sa place, on ose, on se laisse guider, on fait confiance, on se coule totalement dans ce rôle inédit et tellement magique. Des pauses, de temps en temps, avec une boisson, à la paille pour ne pas gâcher le maquillage.

Je peux fumer quand je veux. 

« Encore une fois » « On va refaire » « Nickel » « Relâche » « Ca va? »

Je fais une grimace à un moment, j’ai eu mal pendant un mouvement, il l’a vu tout de suite.

Entre deux mises en scène, on discute, de tout et de rien, de son travail, d’autres choses de la vie. Même si j’ai presque plus rien sur moi, on papote, je suis complètement à l’aise. Comme si j’étais habillée.

La si belle lumière de l’appartement décline: on rebooste le rythme. Encore quelques photos importantes avant qu’il fasse trop sombre et oui, nous y parvenons, le résultat est très beau, nous sommes contents, pour des raisons différentes, bien sûr, mais qui nous rassemblent.

Le shooting est fini. Steve a besoin d’une heure, une heure et demie, pour faire une première sélection à me présenter. Normalement je devrais aller faire un tour, boire un truc, seule. 

Mais il pleut, il y a les mesures, tout est fermé, je n’ai pas ma voiture, je suis loin des quartiers que je connais. Exceptionnellement, je peux rester.

« Mais ne regarde pas ce que je fais. Ca doit être une surprise. »

« T’inquiète pas, je ne vais pas me la gâcher! »

Je me fais silencieuse, je me rhabille, je refais ma valise et je m’installe pour lire.

Retour à la scène du début. Voilà pourquoi je suis là, mon livre à la main, dans ce salon, avec Steve que je connais depuis pas longtemps, qui travaille mes photos à son bureau.

Puis, tout à coup: « Alors, tu es prête? »

Je ne sais pas. 

Non. J’aurais bien continué à lire, fumer et boire du café, dans le calme, personne qui te demande rien, rien d’autre à faire que passer le temps. 

Si, je suis prête, je suis hyper impatiente.

Sélection, re-sélection, nous parvenons à choisir quelles photos nous allons garder, lesquelles on va imprimer, ou agrandir. Il me guide dans le choix, me laissant totalement libre en même temps.

Parfois il dit: « Là, tu te débrouilles, je les aime toutes. »

Puis c’est fait.

Un peu de paperasse, l’éternel administratif.

Il me montre en virtuel ce que l’album va donner.

Je suis cueillie par l’émotion, j’en suis étonnée, après tout ça. Je me regarde. C’est moi. Les photos sont splendides. Je suis belle. Je me sens belle. Juste parfaite comme je suis.

Steve est touché. Mais c’est pour des moments comme celui-ci qu’il aime son projet professionnel.

Après une dernière discussion sur le pas de la porte, je repars, il est près de 21h. C’est bizarre de se dire au revoir, masqués.

Je suis vraiment heureuse.

Tout était parfait.

La journée pour moi, moi seule.

Si je pouvais, j’en offrirais une comme celle-ci à toutes les femmes que j’aime. Et même à celles que j’aime moins.

Et mêmes à toutes, tiens.

Je m’aime comme je suis. Je l’ai immortalisé, cet amour nouveau, grâce aux photos de Steve.

Je ne vais plus l’oublier.

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